JEAN LE CAM, MAGNIFIQUE 4E DU VENDÉE GLOBE : «C’EST UNE DÉLIVRANCE»
Le doyen de la course, héros-sauveteur de Kevin Escoffier, en a terminé avec son superbe tour du monde, jeudi soir aux Sables d'Olonne. Il termine au pied du podium grâce à sa compensation, soulagé.Jusqu'au bout, les éléments lui en auront fait baver. Dans 20 noeuds de vent, 2,50 mètres de creux et sous une sacré drache, Jean Le Cam a franchi la ligne d’arrivée du Vendée Globe, ce jeudi aux Sables d’Olonne. A 20h19, le doyen de la course (61 ans) a en a terminé avec son impressionnant tour du monde après 81 jours, 5 heures, 59 minutes et 55 secondes passés en mer. Auteur d’une course remarquable sur son bateau d'occasion sans foils (millésime 2007, 100.000 milles au compteur), le Finistérien s’est aussi distingué en sauvant Kevin Escoffier lors du naufrage de ce dernier dans un Atlantique sud déchaîné le 30 novembre dernier.
Pour son acte de bravoure, Le Cam avait bénéficié de 16h15 de compensation de la part du jury. Temps qu’il fallait donc soustraire à son chrono une fois arrivé.
8e à passer la ligne, le «Roi» Jean termine finalement 4e de cette 9e édition, en 80 jours 13 heures 44 minutes et 55 secondes, derrière le vainqueur bonifié Yannick Bestaven, Charlie Dalin et Louis Burton mais devant Boris Herrmann, Thomas Ruyant, Damien Seguin et Giancarlo Pedote. «C’est fait. Je peux vous dire que je n’ai jamais coupé une ligne d’arrivée comme ça de ma vie. Je vous dirai demain pourquoi», a lâché, une fois sa course terminée, le Breton qui expliquera plus tard, sur La Chaîne L'Equipe, qu'il était proche de l'abandon près de la Nouvelle-Zélande et du cap Horn en raison de problèmes de structure. Il remontera pourtant bien le chenal, vers 2h00 du matin, marée oblige.
«
Je ne sais pas comment je suis arrivé là ! C’est une délivrance, ça c’est sûr», a ajouté celui qui participait pour la 5e fois au Vendée Globe. Il avait terminé 2e en 2005, 5e en 2013 et 6e en 2017 alors que sa 2e tentative, en 2009, s’était soldée par un abandon (et un sauvetage) au cap Horn.
«Ce Vendée Globe a été un truc de malade. J’ai en pourtant fait, hein, mais avec tout ce qui s’est passé… Je fais 4e apparemment. Ça fait deux jours que je suis à fond la caisse pour ne pas rater la marée. Et Anne (sa femme) me dit ce matin : "tu peux arriver devant Boris (Herrmann)." Pour moi, ce n’était pas possible ! J’étais déjà content d’être devant Apicil (Damien Seguin) dans notre challenge de bateaux à dérives», a raconté un Jean Le Cam fatigué mais à la malice toujours bien vivace.
«Pour nous, les bateaux à foils ça n’existait pas, je ne sais pas ce qu’ils sont venus nous emmerder dans notre course à bateaux à dérives. Les bateaux à foils, c’est beaucoup de problèmes, de casse-tête, d’argent, d’énergie pour pas grand-chose. Le logiciel de calcul de ces bateaux n’est pas une science exacte. Je vous rappelle que Hugo Boss partait pour un Vendée Globe en 69 jours. Ben voilà quoi…», raille le skipper de Hubert, baptisé ainsi en hommage à son ami disparu Hubert Desjoyeaux. Sa plus grande fierté ? «J’ai montré aux jeunes qu’ils peuvent faire le Vendée Globe, même avec des moyens limités. Ça c’est l’essentiel. On était parti dans une escalade budgétaire. Les jeunes étaient complètement perdus. Ça c’est une vraie victoire».